PRESENTATION DE LA GRUE CENDREE.
Reconnaître l'oiseau.
La Grue cendrée est l'un des plus grands oiseaux d'Europe. Une envergure de 2 m à 2,40 m pour un poids de 4 à 6 kg font d'elle, un oiseau imposant.
Son nom de « cendrée » lui vient de sa couleur à dominante grise, couleur cendre, relativement uniforme. L'oiseau adulte présente une tête contrastée entre noir et blanc. Une calotte rouge située au sommet de la tête est également plus ou moins visible selon la saison. Cette zone n'est pas constituée de plumes rouges, mais au contraire, résulte d'une absence de plume. La couleur rouge est due aux vaisseaux sanguins particulièrement nombreux à cet endroit et qui affleurent sous la peau.
La couleur est donc plus marquée et la zone plus étendue à l'approche de la période de reproduction, période d'excitation sexuelle.
La « queue » en panache n'est en réalité que l'extrémité des rémiges (plumes des ailes) qui dépassent. La véritable queue est en réalité très courte et n'est visible que lorsque l'oiseau est en vol. Le jeune né dans l'année est différent car entièrement brunâtre. Il acquière progressivement son plumage d'adulte.
En vol, la grue se distingue par sa silhouette en forme de « + », ses grandes pattes dépassant largement à l'arrière et son cou est tendu.
Le cri est très caractéristique et ne peut être confondu. C'est un « grou grou » qui lui a d'ailleurs donné son nom dans bon nombre de pays.
Il permet bien souvent d'entendre les oiseaux bien avant de pouvoir les observer.
La Grue cendrée en quelques chiffres
Espèce protégée en France depuis 1967
Vitesse de vol : 40 à 80 km/h en moyenne. Si les vents sont porteurs et puissants, la grue se déplace à plus de 100 km/h. La grue peut donc traverser la France en une journée.
Altitude de vol : de 200 à 1 500m.
Population transitant par la France : environ 360 000 individus
Population hivernant en France : environ 100 000 / 120 000 individus
Les grues transitant par la France nichent essentiellement en Suède, Finlande, Allemagne du Nord et Pologne.
Reproduction
La Grue cendrée, sociable et grégaire lors des migrations et de l'hivernage, devient territoriale au moment de la nidification. Les oiseaux ne deviennent aptes à se reproduire qu'à l'âge de 3 à 5 ans.
Le couple, uni pour la vie, niche de façon solitaire sur de vastes étendues de marais ou forêts marécageuses pouvant atteindre plusieurs centaines d'hectares. Le nid, large plate-forme d'herbes sèches, est construit à terre, le plus souvent entouré d'eau. En mai, il reçoit 1 ou 2 œufs que les adultes couvent à tour de rôle pendant 4 semaines.
Peu après l'éclosion, les poussins sont capables de suivre leurs parents et de se faufiler dans les marais à la recherche des insectes, mollusques et petits vertébrés qui composent alors l'essentiel de leur nourriture. Par la suite, ils consomment davantage de végétaux : herbes tendres, plantes aquatiques et baies.
L'envol des jeunes âgés de 2 mois intervient entre la mi-juillet et la fin août. La famille reste unie jusqu'à la fin de l'hiver. A noter qu'une vingtaine de couples niche en Lorraine. La grue devrait étendre son territoire de reproduction dans d'autres régions dans les années à venir.
Protégée mais toujours à surveiller
La chasse et la destruction des sites de nidification (assèchement des zones humides) ont suffit à éliminer entre 1880 et 1965 les populations nicheuses de toute la moitié sud de l'Europe (dont la France).
Depuis sa protection, l'espèce connaît une expansion même si elle n'a pas retrouvé ses populations d'antan.
L'espèce connaît encore d'importantes menaces à l'heure actuelle :
- Modification de certaines sites de stationnement et d'hivernage, en particulier le déboisement des chênaies espagnoles dont les glands fournissent une nourriture abondante. Ces chênaies sont transformées en cultures intensives.
- Dépendance de plus en plus grande vis-à-vis des grandes cultures qui remplacent les prairies et les zones humides. Des tensions existent avec le monde agricoles en raison de dégâts que peuvent causer les grues sur les semis d'orge et de blé. Incidence inconnue des produits phytosanitaires utilisés dans ces grandes cultures sur des éventuels empoisonnements et cas de stérilité chez la grue.
- Surexploitation des forêts nordiques détruisant une partie des zones de reproduction.
- Concentration de la population de grue en migration sur quelques sites en Europe. Si l'un de ces sites venait à être modifié ou détruit, l'impact sur le bon déroulement de la migration pourrait être fort.
- Mortalité due à la collision avec les lignes électriques, le plus souvent en cas de mauvais temps (brouillard, fort vent, visibilité réduite...). L'impact des éoliennes sur cette espèce est mal connu, même si l'on sait que cette espèce décrit de larges contournements à l'approche d'un parc éolien en fonctionnement.