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Publié le par André MARINI

La plus grosse inondation de l’Histoire a donné naissance à la Méditerranée

Cette inondation survenue il y a 5,3 millions d’années est à l’origine de séismes, de vents violents et d’une cascade trente fois plus grande que les chutes du Niagara.

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La Méditerranée était autrefois une étendue désertique de sel et de gypse, jusqu’à ce que les eaux de l’inondation arrivent.

Il y a six millions d’années, la Méditerranée n’était pas aussi idyllique qu’aujourd’hui. C’était à peine une mer. 

L’activité tectonique avait fait s’élever une chaîne de montagnes dans le détroit de Gibraltar, coupant la Méditerranée de l’Atlantique. 

Sans apport d’eau constant, la mer s’est évaporée sous le soleil cuisant. Il ne restait que quelques rares lacs salés, entourés par des kilomètres et des kilomètres de sel et de gypse. 

Les scientifiques appellent désormais cette période la crise de salinité messinienne. Les derniers jours du Miocène ont été les témoins de la mort d’une grande partie de la Méditerranée.

En revanche, si durant un certain jour, il y a environ 5,3 millions d’années, vous alliez faire une balade dans la chaîne de montagnes de Gibraltar, vous auriez été accueillis par une vue peu commune : un mince filet d’eau, descendant de l’Atlantique le long des montagnes. 

Elles avaient commencé à s’affaisser, jusqu’à ce que leurs sommets se trouvent au niveau de la surface de l’océan. Et un jour, les montagnes se sont trouvées suffisamment basses pour que l’eau puisse s’écouler.

Une fois ce phénomène amorcé, l’eau s’est tracé un chemin, inarrêtable, en aval. Le filet d’eau est devenu un ruisseau. 

Le ruisseau s’est transformé en rivière et, en peu de temps, c’était l’océan tout entier qui s’écoulait dans le bassin asséché de la Méditerranée, avec la force d’un millier de rivières Amazone.

Ainsi prit fin une période de sécheresse de 600 000 ans.

L’eau était rapide : 32 mètres par seconde, soit 115,2 kilomètres par heure, alors qu’elle atteignait les côtes de la Sicile moderne. 

Elle était tellement rapide qu’elle déplaçait l’air derrière elle, créant des vents aussi puissants que ceux des tempêtes tropicales. Si, par miracle, vous arriviez à voir à travers les sédiments boueux que soulevaient ces eaux, vous auriez pu apercevoir quelques poissons décontenancés dans les profondeurs, ou bien tués sur le coup par la puissance des rapides qui les transportaient de l’Atlantique. 

La Méditerranée est entrée dans une nouvelle ère géologique alors qu’elle se remplissait d’eau, le Zancléen.

LA FORMATION DE LA MÉDITERRANÉE MODERNE

Aaron Micallef et ses collègues ont découvert que la Méditerranée, qui avait été totalement anéantie à l’assèchement de la mer, a vu son paysage de nouveau complètement changer lors d'un déluge.

Les données des fossiles sont difficiles à interpréter en détails, mais les scientifiques pensent que toutes sortes de créatures prospéraient dans ses eaux : requins préhistoriques, pinnipèdes, poissons, coraux. 

Seules quatre-vingt-six des sept cent quatre-vingts espèces qui y habitaient avant la crise de salinité ont survécu jusqu’à aujourd’hui. Et leur survie à la transgression zancéenne relève du miracle. 

Ces créatures, des mollusques, du planctons et une limace de mer qui sort du lot, ont probablement survécu en trouvant refuge dans les quelques lacs qui subsistaient après l’évaporation de l’eau.

 

Alors que l’eau jaillissait, la Méditerranée occidentale se remplissait à une vitesse phénoménale. 

Aaron Micallef estime que l’eau s’écoulait à une vitesse comprise entre 68 et 100 millions de mètres cubes par seconde, faisant grimper le niveau de la mer de dix mètres chaque jour. 

Le poids de cette montée soudaine des eaux pesait sur la croûte terrestre, qui glissait alors le long du manteau en fusion en-dessous. 

Selon Daniel Garcia-Castellanos, géophysicien au sein du conseil national de recherche espagnol de Barcelone, et pionnier des recherches sur la transgression zancéenne, cela aurait provoqué des séismes à travers toute la région.

Publié dans Notre univers

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